Confiance, quand tu nous tiens – Été 2023
Cette journée de fin d’été était belle, chaude et ensoleillée… La randonnée s’annonçait agréable dans ce magnifique décor sauvage que peut offrir le fond de la vallée de la Doller, surtout autour et derrière le lac d’Alfeld.
Le matin même nous avions téléphoné à la ferme-auberge du Grand Langenberg pour réserver, sans trop nous inquiéter pour la place disponible : nous étions un lundi, journée moyennement prisée des randonneurs. Tranquilles aussi puisque nous savions que cette auberge était ouverte toute l’année et que son jour de congé hebdomadaire était le mercredi.
Malgré nos très nombreux appels restés sans réponse, nous avons entamé notre parcours joyeusement et dans une totale confiance puisque rien ne laissait présager la mésaventure qui allait suivre.
Arrivés devant le Grand Langenberg vers 13h, l’absence totale de vie et de mouvement nous alerte. A juste titre, puisque nous nous trouvons devant porte close. Bien sûr nous essayons de signaler notre présence. Mais ce n’est qu’après de longues minutes qu’une présence apparaît pour, après échange rapide, nous informer qu’à l’issue du dimanche, il n’y avait plus rien à servir et que donc, madame a fermé l’établissement.
Pour nous restaurer, il ne nous restait 2 alternatives : poursuivre jusqu’au Ballon d’Alsace ou redescendre le massif, jusqu’au Hinteralfeld. Notre programme nous a imposé la seconde.
Cette aventure nous a interpellé.
Bien sûr les aléas de l’exploitation d’un établissement, tel une auberge, peut aboutir à de nombreux imprévus. Et nous devons être d’autant plus compréhensifs à cet égard que l’ADN des fermes-auberges réside bien dans le fait de servir la production de la ferme. Cependant, le gérant n’a-t-il pas un minimum d’obligation d’accueil ? L’assiette de charcuterie ou de fromage accompagnée d’une boisson, fut-ce de l’eau, reste une alternative rarement impossible. De plus, nous nous interrogeons sur la raison qui, dans ces cas exceptionnels, amènent à ne pas décrocher le téléphone pour informer l’éventuel randonneur ? De plus, la technologie d’aujourd’hui donne la possibilité d’un répondeur qui, sans frais ni grand travail, informerait automatiquement de la situation et du choix de ne pas accueillir ce jour-là.
Cerise sur le gâteau, lors de notre échange, nous n’avons bénéficié d’aucun mot d’excuse sur le caractère anormal de la situation. Dont acte.
L’optimisme ne nous a pas abandonné et c’est avec plaisir que nous avons fini notre escapade à la ferme-auberge du Hinteralfeld, où nous avons été reçu chaleureusement pour un repas chaud malgré l’heure très tardive.
Nous exprimons vivement le souhait que cette mésaventure ne se multiplie pas sur notre massif.
Farouche, droit dans ses bottes !
Niché au fond d’un étroit petit vallon, à 900m, le Grand Langenberg respire l’authenticité par tous ses pores. Entourée de chaumes, landes ou pâtures pour partie escarpée, cette ferme-auberge est restée dans son jus, notamment son bâtiment principal qui abrite l’auberge. Si vous y accédez depuis l’arrière, vous découvrirez en premier la ferme et ses animaux : dans sa partie contemporaine, les agneaux, chèvres ou cabris, des ânes, quelques poules, des cochons ; dans l’étable, le troupeau de vaches vosgiennes. A l’instar de votre propre émerveillement, chacun de ces animaux semble ravis et ne manque pas de faire la fête au visiteur : vision champêtre des plus attachante !
Durant la belle saison, une vaste terrasse peut accueillir de grandes tablées de randonneurs. Quand vous poussez l’étroite porte d’entrée, c’est un peu comme si vous pénétriez directement dans la stuwa du couple d’aubergistes, Barbara et Michel Kachelhoffer. A gauche, trône un imposant four à pain en pierre blanche. Sur des étagères, égayant le clair-obscur de la pièce, de vieux objets alsaciens côtoient des poules en tissu multicolore que la maîtresse des lieux aura confectionnées au cours des longues journées d’hiver.
L’accueil de Barbara est professionnel et efficace. Point de fioriture dans son discours résolument militant. Ici, on vit et on respire bio, jusqu’aux vaches qui se repaissent d’un foin certifié bio. Cependant, n’y cherchez aucun label. Il répondrait aux attentes de quelques « bobos-écolos » citadins, en mal de réflexions intellectuelles ou d’alibis rassurants.
C’est tout simple : on fait ce qu’on dit, et on dit ce qu’on fait. Sans concession. Et les clients reviennent pour cela.