La Table du Belacker
Depuis plus de 10 ans, nous donnons notre avis sur les différentes qualités de plus de 70 établissements. Force est de constater que certains font le choix de l’authenticité en valorisant leur propre production ; les autres mettent en avant le repas marcaire, dont la quasi-totalité des constituants est d’origine industrielle. Dorénavant, nous délaisserons ces lieux qui n’offrent que peu d’intérêt !
♥ Le Belacker persiste et signe – printemps 2023
A peine avons-nous passé la porte que Carole nous accueille chaleureusement. Quelques pas plus loin, toujours plus réservé, Jacky nous salue avec son grand sourire, révélant en creux sa profonde gentillesse et sa grande générosité. Spontanéité et authenticité sont au rendez-vous. Autour de nous, les tables sont bien occupées. On perçoit des clients réguliers qui côtoient des randonneurs de passage, tous bénéficiant du service attentionné de Jacky qui s’inquiète des besoins de chacun.
Il y a deux ans, nous écrivions que nous avions l’impression de retrouver de vieux amis : ce sentiment persiste toujours !
La cabrio, bière artisanale de Wesserling, nous est proposée en version ambrée. Sa suavité et sa douceur nous font préférer le caractère plus tranché de la blonde. N’empêche que son côté biscuit épicé ne manque pas d’intérêt. Plutôt une bière de soirée qu’un moyen de se désaltérer après 3h de marche.
Au menu du jour, des charcuteries suivies de tranches de veau et bœuf snackées.
Rappelons à nouveau que l’ancien métier de Jacky, il était boucher, garantie une superbe qualité à l’ensemble de ces mets.
Si la Lawerwurst est excellente, sans être dominée par le gout de foie, le lard de jambon est savoureux et tendre, et surtout, le Presskopf est sublime. C’est devenu un peu un « plat signature » du maître des lieux. Toute la tête du cochon est utilisée à bon escient. Il est assaisonné avec subtilité et la gelée aux parfums de bouillon, parfois envahissante dans certaines versions du plat, sert ici de support, et de liant.
Accompagnées de pommes de terre sautées, le tranches de viandes séduisent les papilles. La noix de veau fond en bouche et le bœuf, taillé dans la tranche, n’oppose aucune résistance au palais. L’ensemble est frais et dynamique. Une bouchée appelle la suivante. Le petit jus au beurre à l’ail des ours, pimente subtilement le plat.
Voilà un menu simple, sans autre prétention que celle de l’authenticité.
Pour accompagner notre déjeuner, nous avons choisi un Rouge de Saint Hippolyte du Domaine Jacques Iltis. Issus de Pinot Noir, ce vin très mûr exprime un fruité agréable avec des notes de fruits rouges, de cerises légèrement confites.
Au Belacker c’est une belle famille, qui contribuent à perpétuer les traditions avérées de nos fermes-auberges. Félicitons au passage Carole et Jacky, devenus grands parents.
La vie s’écoule quotidiennement au rythme du troupeau de Grises du Tyrol, race rustique et calme, qui produit un lait riche et gouteux.
Rappelons que l’auberge du Belacker propose un hébergement et qu’elle est ouverte toute l’année.
La constance en matière de qualité et l’opiniâtreté des gérants, nous poussent à rajouter un coup de cœur aux 4 clarines et 4 têtes, évidemment maintenues.
Au Belacker, on ose ! – automne 2021
L’accueil est toujours aussi naturel, franc et direct, chaleureux au sens le plus authentique du terme. On a l’impression de retrouver des amis éloignés, perdus de vue depuis un long moment.
Une bonne Cabrio à la pression, bière artisanale brassée à Wesserling, donne le ton d’un grand moment de dégustation aux saveurs les plus diverses, toutes joliment accomplies.
Nous n’avons pas pu nous empêcher de céder à la traditionnelle planchette de charcuteries maison. Rappelons que Jacky est boucher de métier… Il sait de quoi il parle et surtout, il est attentif à la qualité des produits. Aujourd’hui, le preskopf (ou fromage de tête ?) se décline en 2 versions : La première nature, à l’aspect rustique et au caractère bien affirmé. Sa texture est dense et le bouquet légèrement fumé. On perçoit le bouillon de sa cuisson un jour de cochonnailles. Le second est préparé aux petits légumes. Elaboré au vin blanc, la petite goutte de vinaigre rajoutée, lui confère une légère acidité bien canaille. C’est osé, mais passée la première surprise, c’est fringant en bouche. Coupé en tranches plus épaisses, le palais prendrait encore plus de plaisir.
Le lard nous séduit d’emblée par sa mâche et l’élégance du fumé/salé. C’est une pièce que Jacky a pris soin de laisser reposer avant de la servir. Evoquons rapidement le gendarme qui vaut d’être dégusté pour son originalité et attardons nous sur la découverte du jour : le Judaspack. C’est un lard réalisé à partir de poitrine de bœuf. La subtilité de sa viande est enrichie par la complexité des goûts. Un beau lard pour ceux qui évitent le cochon ! Il fallait oser cette exclusivité (?) Belacker ?
A suivre, un boudin rehaussé d’une compote de pommes, accompagné de petites pommes de terre sautées et de salade frisée. C’est un peu la surprise du jour quand arrive sur table un boudin… en cassolette. Carole a décidé que d’imposer le boudin en boyau ne sert pas ce plat… Le cuire à l’eau frémissante, le griller en le colorant sans pour autant en percer le boyau, le découper sur l’assiette sans le massacrer et en perdre une miette… Bref beaucoup d’inconvénients à ses yeux. Elle a donc décidé de simplifier et servir un boudin dans toute sa plénitude. Cuite au four, la cassolette permet d’apprécier d’abord le fumet délicatement épicé qui s’en dégage et enfin la richesse des saveurs. Il faut oser ce choix…
Quant aux pommes de terres cuites en robe des champs puis sautées à l’ail et au persil : c’est simple mais tellement parfumé : excellent !
Un seul bémol : la tarte aux mirabelles est certes gourmande et pâtissière, mais les fruits disparaissent trop dans l’appareil dominant.
Nous n’hésitons pas à rajouter une clarine à cette auberge qui passe donc à 4 clarines et 4 têtes de vaches.
1ère visite
Le repas
Après une bonne bière artisanale de Geishouse (de la proximité), la Cabrio, à l’amertume élégante, on nous sert une soupe de légumes (du marché de Masevaux) subtilement aromatisée à la livèche ou une terrine maison (Jacky est boucher, et ça se remarque) d’excellente facture : belle consistance et très peu grasse. La confiance s’installe.
A suivre aujourd’hui, une bouchée à la reine au porc et à la dinde délicatement émincés. Et la sauce qui l’accompagne est digne de votre grand mère : la patte d’une cuisinière qui aime ce qu’elle fait.
Bien que rien ne le précise, nous percevons rapidement la volonté d’authenticité qui anime nos hôtes. Les produits sont issus de circuits courts et sont travaillés dans le respect des saveurs. Les viandes de bovins et moutons proviennent pour l’essentiel du troupeau. Les porcs, d’un élevage vosgien voisin. Le munster, qui manque cruellement de caractère, est fabriqué par la ferme Haag tandis que le bargkaas, lui, joliment affiné et de très bon goût, provient de la ferme du Baerenbach à Sewen. Quand on vous parle d’authenticité et de proximité….
Même si l’incontournable tarte à la myrtille remplace la rhubarbe au mois de mai : cet impératif commercial est clairement assumé. Nous vous le disions : insolite et insolence.
Côté vins
Là encore, pas de carte, c’est le patron qui vous suggère.
Les Alsaces, de bonne facture, viennent de François Schmidt d’Orschwihr. Nous avons notamment apprécié son Pinot Gris, sans sucre résiduel, fait trop rare pour ne pas être signalé.
Le registre des vins rouges est plus surprenant : en Côtes du Rhône, le Grand bécassier en Vieilles Vignes de Philippe Ladet à (30) Sabran (coup de cœur hachette 2013), et le Bois Pascal des Celliers de Vénéjan, un assemblage de grenache/syrah/cinsault léger et encore très tannique.
Pas vraiment de quoi se faire plaisir…
Une belle découverte : les crèmes de fruits 100% naturelles de Philippe Faedy de Brunstatt pour divers apéritifs.
En conclusion
Une ferme-auberge qui affirme une volonté de faire différemment depuis son architecture, sa décoration, jusque dans l’assiette et le verre. Avec plus ou moins de bonheur pour les vins.
Parmi les autres plats possibles :
- Bœuf bourguignon, pommes de terre et carottes
- Pot au feu
- Ragoût de porc
- Fleischnackas
- Et… Jamais de repas marcaire (insolence quand tu nous tiens)