La Table du Treh
Depuis plus de 10 ans, nous donnons notre avis sur les différentes qualités de plus de 70 établissements. Force est de constater que certains font le choix de l’authenticité en valorisant leur propre production ; les autres mettent en avant le repas marcaire, dont la quasi-totalité des constituants est d’origine industrielle. Dorénavant, nous délaisserons ces lieux qui n’offrent que peu d’intérêt !
Mars 2022 : Au Treh, expulsés pour conflit d’opinion !
Juste, vous ne partagez pas toutes les idées du patron ?
Juste vous avez eu l’audace de l’exprimer ?
Juste, vous avez eu l’outrecuidance de prétendre à une critique ?
Eh bien, même en ayant réservé une table plusieurs jours auparavant, et dès votre arrivée, quand le patron reconnaît votre tête, vous êtes littéralement et bruyamment expulsés. Raccompagnés jusqu’en dehors de l’auberge, devant la porte et plus encore car en voulant photographier le menu affiché, M. Deybach nous agresse physiquement et nous interdit de le faire…
Wouah !
En ces époques où la pratique de la démocratie nous interroge, où le débat sur de vraies valeurs est dans l’air, sur la route des Crêtes il existe un lieu où le « délit de sale-gueule » se porte bien.
En effet, ceux qui veulent simplement faire de l’authenticité une référence, valeur revendiquée par ailleurs par l’Association Départementale des Fermes Auberges du Haut-Rhin*, se font littéralement fiche à la porte d’un des établissements de référence du marcaire.
Eh oui, c’est bien lui qui est au centre du sujet : le fameux repas marcaire. Et il semble tellement iconique et intouchable que, rien que d’oser le mettre en question, vaut d’être jeté par un fermier de longue expérience, dont on pourrait attendre un minimum de sagesse et de recul…
A nous faire regretter les propos bienveillants rédigés à l’issue de notre précédente visite au Treh (Voir ci-dessous).
Le radicalisme a encore de beaux jours devant lui !
* Même si, provisoirement, l’établissement ne bénéficie pas du label
1ère visite
Le repas.
Bien évidemment, le marcaire est incontournable à midi ! Mais il prend ici toutes ses lettres de noblesse.La tourte est un vrai régal avec sa pâte feuilletée d’une rare légèreté et joliment dorée. L’assaisonnement savoureux sert parfaitement une viande onctueuse et justement hachée pour obtenir une consistance presque aérée.
Les arômes d’oignon et de beurre se fondent dans les roïgebragledis, parfumées avec délicatesse. On pourrait regretter un instant l’absence de la couche grillée, propre à l’origine rustique de ce plat. Mais pourquoi bouder le plaisir de son interprétation plus gastronomique et de son service soigné dans une petite cocote Staub. Quoique trop salé, le collet au fumé délicat, fond en bouche.
Au Treh, les charcuteries valent aussi le détour. Le presskopf, les gendarmes, les saucisses mett ou de foie, le jambonneau, les jambons crus … tous allient authenticité et finesse.
Le munster, 3 semaines d’affinage, est bien équilibré au goût, même si nous l’attendions plus moelleux. Le Bargkaas, 3 mois d’affinage, nous convainc moins.
Enfin, c’est un Sieskaas onctueux à souhait qui conclue le déjeuner. Séparé de l’eau du petit lait, il est servi variablement avec une crème au kirch ou à la myrtille, l’ensemble couronné d’une chantilly qui nous arrive droit de l’étable….
Côté vins.
Les vins d’Alsace proviennent de la Cave de Wuenheim ou du Domaine Paul Zinck à Eguisheim, où Jean Paul Deybach a fait les vendanges dans sa jeunesse. Son riesling est franc et tendu, sec et bien charpenté, sans élégance superflue…
Une agréable surprise nous attend au rayon des vins rouges. La cuvée maison est un superbe Vin de Pays du Vaucluse, sélectionné par la Maison Arnoux bien connue à Vacqueyras.
La gamme est complétée par un Côte du Rhône, un Bordeaux, un Beaujolais-Village, un Bourgogne passe-tous-grains et un Vacqueyras, le « Seigneur de Fontsimple », assemblage de syrah, grenache, Carignan et mourvèdre qui exprime des arômes de fruits noirs, d’épices et de confiture de mûres.
En conclusion.
La ferme-auberge du Treh est bâtie sur du granit, et cette réalité physique déteint avec bonheur sur les hôtes du lieu. Les personnalités sont solides comme le roc, fières de leur travail et de leurs produits. Le propos est cohérent, clair mais sans fioritures. Tout ici exprime le respect des valeurs d’authenticité et de qualité. En somme, simplement ce que l’on attend d’une ferme-auberge.
Ou, comment préserver son âme tout en tenant compte du réalisme économique indispensable à la réussite d’une entreprise.
Parmi les autres plats possibles : (le soir uniquement)
Les Fleischnackas
Le boudin
Le repas fromager
Le gratin de pommes de terre avec jambon cru
L’assiette de fromages fermiers
La tarte aux myrtilles, aux pommes, etc.
L’assiette de charcuterie
Et à emporter, des caissettes (10kg) de viandes de bovins, toutes les charcuteries et produits laitiers de la ferme.