« Que voulez-vous Madame, nous avons servi le dernier morceau de veau hier. Il n’y en aura plus jusqu’au prochain abattage ; par contre je vous propose des Fleischnackas car il y a eu pot au feu hier » … « Ah désolé Monsieur, ce n’est pas la saison des myrtilles, donc pas de tarte aux myrtilles, par contre souhaitez-vous de la tarte à la rhubarbe, fraiche, du jour ? » Ne vous trompez pas. Ce n’est pas une fiction ! Nous avons entendu ces propose de la bouche de Françoise, une fermière aubergiste visitée récemment. Au cours de la saison passée, il nous est arrivé de percevoir le même propos. Quel bonheur de croiser un chef d’entreprise qui défend ses produits frais, parfois bio, locaux et de saison.
Ailleurs, on nous affirme : « Que voulez-vous, on nous demande du marcaire, alors nous faisons du marcaire » ou « Si les clients nous demandent de la tarte aux myrtilles, nous leur proposons de la tarte aux myrtilles ».
Ce sont bien là deux visions différentes d’un même monde. L’une interpelle le bon sens et la responsabilité du client/citoyen tout en gérant l’entreprise, l’autre privilégie une interprétation simplifiée et purement commerciale.
Nous osons vous l’avouer : au nom de l’authenticité revendiquée par les fermes auberges, nous préférons la première. Sans pour autant militer pour la disparition du repas marcaire, faut-il le préciser, dès lors que le cochon participe au cheptel de la ferme.
Ceci étant, le sujet n’est pas simple. En effet que répondre à des clients (même randonneurs) qui arrivent dans une ferme auberge en informant l’hôte qu’ils sont végétariens ! Qu’ils sont allergiques aux produits laitiers ! qu’ils veulent de « l’allégé » ! Que dire au client lorsqu’il demande à ne venir diner qu’à 21h30 ? Ce client (ne le sommes-nous pas parfois) oublie que dans « fermier-aubergiste » il y a aussi fermier. Qu’il cumule donc 2 métiers ; que la traite a lieu tôt le matin et que le soir on recommence, que faire du fromage ou préparer une pâte prend du temps, que la fabrication d’une tourte n’est pas instantanée…
Tant de réflexions oubliées dans ce monde du « ici et maintenant ».
Le militantisme de Françoise ne pourrait-il pas être la norme sur les pentes et les crêtes de nos Vosges ?
Nous prétendons que si, et nous y contribuons, modestement.