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Dans l’excellent documentaire de France 5 « On n’est pas sorti de la ferme auberge », l’Alsace occupe une place importante. En effet alors que 4 régions sont évoquées, l’Alsace est présente pour plus du 1/3 du temps… Et La journaliste a choisi de nous donner la parole.
D’abord, nous tenons à remercier les 9000 internautes qui ont visité notre site à l’issue (ou pendant) des deux diffusions, et les 200 personnes qui se sont abonnées à notre Newsletter (qui en compte déjà 1300). C’est un encouragement à poursuivre la mission que nous nous sommes attribués : mettre en avant et valoriser les fermes-auberges qui vivent l’authenticité au quotidien.
Force est en effet de constater que, même dans ce domaine, le paradoxe alsacien existe. Comme l’évoque le professeur Vincent Moriniaux de la Sorbonne « Quand on va dans une ferme auberge ce n’est quand même pas un restaurant comme un autre ; on s’imagine qu’on va d’abord à la ferme ». Et de dénoncer, comme nous le faisons depuis plus d’une décennie : la dérive de certains lieux où le fermier est davantage restaurateur que fermier. Ce paradoxe se situe entre ceux qui expriment une authenticité indiscutable et ceux qui se confinent dans des traditions passéistes et construites de toute pièce. A noter que ces « traditions » sont fort lucratives. En cause bien évidemment l’exclusivité du porc dans le « traditionnel repas marcaire ».
Le second paradoxe réside dans le fait que le Haut-Rhin est le seul département qui ne dépend pas du label « Bienvenue à la Ferme » qui lui, possède une Charte claire et disponible en ligne. D’ailleurs dans le documentaire, le témoignage d’Agnes dans le Var confirme que ce cahier des charges est particulièrement contraignant.
A côté de ces réelles exigences, régulièrement contrôlées, quelles quel est le cahier des charges pour obtenir son adhésion dans les ferme auberges du Haut-Rhin ? A défaut de pouvoir la consulter, « on » nous parle d’un « minimum de produit de la ferme…»
Ces paradoxes, sont encore plus criant et visible lorsqu’on se penche sur le 50ème anniversaire des fermes auberges dans le Haut-Rhin.
On n’y voit que des vaches, on ne parle que de vaches et de leur transhumance, que du fromage alors que certaines fermes mettent en avant un plat « lié aux traditions fort lucratives » à base de cochon. Y aurait-il des transhumances de cochons qu’on nous aurait caché…
Bref, vous l’aurez compris il faut savoir choisir entre fermes authentiques et restaurants d’altitude aux parkings bondés. Même si le président de toutes ces fermes auberges du Haut-Rhin répète à l’envi sa maxime « De la fourche à la fourchette », on peut lire sur son propre site « nous vous proposons tous les jours le menu marcaire » et ce, en premier !
Dans les 4 autres fermes du documentaire, la question de l’authenticité, des produits locaux et de saison est manifeste et …naturelle.
Finalement avons-nous réellement à faire à des paradoxes ? N’y va-t-il pas aussi de la responsabilité du client que de reproduire le stéréotype : « Ferme auberge = repas marcaire » et d’ignorer les produits de la ferme ? Le paradoxe fondamental ne réside-t-il pas dans « Que voulez-vous, ce sont les clients qui demandent le marcaire ».
Enfin, n’aurions-nous pas assez de bovins sur nos chaumes pour qu’on nous fasse consommer du porc d’origine industrielle ? Comment arrêter cette consommation effrénée de collet fumé tout en préservant l’équilibre financier ?
Toutes ces questions ne mériteraient-elles pas d’être posées, sereinement ?

Ajoutez votre avis 4 Commentaires

  • Christian W dit :

    Je privilégie également les fermes-auberges qui proposent d’autres mets que l’emblématique collet, et elles sont tout de même nombreuses. Non pas que ce plat ne vaille pas le détour mais il ne cadre effectivement pas avec la promesse de « produit de la ferme ».
    Quelques passages de ce reportage m’ont toutefois interpellé.
    Certaines des interventions du Professeur Moriniaux m’ont par exemple paru un brin péremptoires. Ainsi, lorsqu’il affirme par exemple que les « vraies » fermes-auberges sont fermées en hiver, j’ai immédiatement pensé au Haag ou au Belacker qui proposent d’excellents menus basés sur des produits de leurs fermes, tout en évitant l’écueil du collet. J’aurais d’ailleurs souhaité que le professeur Moriniaux explicite sa pensée car il me semble que les bêtes peuvent être abattues toute l’année et qu’en 2023 nous avons quand même développé des techniques très sûres pour conserver les légumes.
    Le même universitaire dit par ailleurs qu’une authentique ferme-auberge ne s’atteint qu’à pieds. Je privilégie pour ma part également les fermes-auberges qui ne sont pas aisément atteignables par la route mais les fermiers
    -aubergistes doivent bien pouvoir s’y rendre autrement qu’à dos de mulet, et certaines routes ont été construites postérieurement aux marcairies originelles. Bref, je n’ai pu m’empêcher de sourire en voyant quelques minutes plus tard une ferme-auberge dans le sud de la France recevoir des convives en tenue de soirée, et plus encore, une famille se rendre dans une ferme-auberge en Corse… en hélicoptère depuis le continent! Et ces mêmes convives de vanter la production … en circuit court de la ferme-auberge.
    Malgré tout, ce reportage fut très plaisant à suivre, et surtout, il n’a, pour mon plus grand plaisir, je l’avoue égoïstement, pas mentionné mes fermes-auberges authentiques préférées;-)

    • Ferme Auberge dit :

      Bonjour
      Nous partageons globalement toutes vos remarques, entre autres celles concernant les affirmations du professeur Moriniaux. L’hélicoptère est également antinomique avec le respect de la nature prôné et défendu par le fermier aubergiste !!!
      Concernant le fait que le reportage ne parle pas des « fermes-auberges préférées (par vous comme par nous), il faut savoir que la réalisatrice a été éconduite dans chacun de ces lieux ! Modestie ou pression ?
      les randonneurs fines-gueules

  • Ferme Auberge dit :

    Christiane Z. commente « Excellente analyse, une nouvelle fois.
    Bravo en espérant que cela change, petit à petit, dans nos fermes d’altitude. »

  • Ferme Auberge dit :

    Pascal K. commente :
    « Bonjour les randonneurs fines et grandes ( c’est pour la bonne cause ! ) gueules !

    J’ai vu avec plaisir le documentaire sur France 5. Dommage que l’émission, après un tour en Alsace, soit ensuite partie à l’étranger, le cas de la France méritait tout de même une émission entière, tant il y a d’exemples de fermiers qui accueillent le public dans des paysages de rêve ( Massif Central, Pyrénées entre autres ) avec des repas que l’on n’imagine même plus dans nos restaurants.

    Oui, le repas marcaire, y en a vraiment ras le bol. C’est vrai qu’il faut être un touriste imbécile pour demander sempiternellement le repas marcaire. C’est aussi stupide que de demander systématiquement un steak frites au resto. Comme si la cuisine alsacienne de montagne ne savait faire que cela !!!
    Il faut rendre hommage à celle du Gresson, qui ne sert JAMAIS de repas marcaire, et qui pour moi remporte la médaille d’or de TOUTES les fermes auberges alsaciennes. En plus c’est tellement varié et si bien cuisiné que l’on voudrait y manger tous les jours !
    Votre travail est salutaire, et je lis tous vos articles avec passion et enthousiasme. Rien que ce que vous écrivez sur le presskopf mérite le détour…. Vous êtes les défenseurs des fermes auberges authentiques, jamais je n’ai regretté d’avoir suivi vos conseils et je pense que nous sommes nombreux à en redemander !
    Merci de tout cœur pour votre démarche et vos enquêtes sans concession.

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